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France mĂšre des arts, des armes et des lois. - Joachim Du Bellay. Top 5 des sites Ă visiter en France. 1 - La Tour Eiffel. Le monument emblĂ©matique de la capitale est visitĂ© chaque annĂ©e par plus de 7 millions de personnes. La tour autoportante, conçue en fer, est haute de 324 mĂštres. LâaccĂšs au troisiĂšme Ă©tage offre un panorama Ă couper le souffle sur la Ville LumiĂšre. 2 - Le
RĂ©sumĂ©s Cet article Ă©tablit un parallĂšle historique entre ces deux souveraines du Grand siĂšcle, mĂšre et fille, lâune reine de France et lâautre duchesse de Savoie. Les deux furent rĂ©gentes et firent face Ă une lutte violente menĂ©e par leurs proches en vue du contrĂŽle de lâĂtat. MalgrĂ© ses talents politiques et artistiques, la premiĂšre fut dĂ©faite, puis obligĂ©e Ă quitter la France et Ă mourir en exil. La seconde, moins cultivĂ©e, moins prĂ©parĂ©e, moins habile sur le plan politique, et toute tournĂ©e vers la vie de cour qui faisait ses dĂ©lices et sa rĂ©putation, subit comme lâautre lâĂ©chec et lâhumiliation de la guerre, la fuite et presque lâexil. Des circonstances exceptionnelles lui permirent en revanche de surmonter ces obstacles, de revenir au pouvoir et de sâimposer Ă ceux mĂȘmes qui avaient triomphĂ© sur sa mĂšre. Le parallĂšle entre ces deux souveraines rĂ©gentes souligne le rĂŽle difficile et incertain des femmes qui occupent des hautes fonctions dans lâĂtat au xviie siĂšcle. Bien que destinĂ©es Ă jouer un rĂŽle mineur dans les affaires de leur pays, Marie de MĂ©dicis et Christine de France offrent, lâune par lâĂ©chec et lâautre par la rĂ©ussite, lâexemple parfait des âFemmes dâĂtatâ au Grand siĂšcle. Lâarticolo consiste in un parallelo storico tra queste due sovrane del Seicento, madre e figlia, una regina di Francia e lâaltra duchessa di Savoia. Entrambi erano reggenti e entrambe dovettero combattere una violenta opposizione da parte della loro famiglia per il controllo dello stato. Nonostante il suo talento politico e artistico, la prima fu sconfitta e poi costretta a lasciare la Francia e a morire in esilio. La seconda, meno colta, meno preparata, meno abile politicamente, e pienamente dedicata alla vita di corte che ne fece le delizie e la fama, soffrĂŹ come lâaltra del fallimento e dellâumiliazione della guerra, della fuga e, quasi, dellâesilio. Circostanze eccezionali, tuttavia, le permisero di superare questi ostacoli, di tornare al potere e di imporsi proprio su coloro che avevano trionfato su sua madre. Il parallelo tra queste due reggenti sovrane sottolinea il ruolo difficile e incerto delle donne che ricoprivano alte posizioni nello Stato nel Seicento. Anche se destinate a giocare un ruolo minore negli affari del loro paese, Maria deâ Medici e Cristina di Francia offrono, lâuna attraverso il fallimento e lâaltra attraverso il successo, lâesempio perfetto delle âDonne di Statoâ nel Grand de page EntrĂ©es dâindex Index chronologique XVIIeHaut de page Texte intĂ©gral 1 Sur ces questions voir principalement AndrĂ© Corvisier, Les rĂ©gences en Europe, Paris, PUF, 2002 ; ... 2 Cesarina Casanova, op. cit., p. 78-81. Elle utilise les travaux classiques de Berghenroth 1868, H ... 1LâaccĂšs des femmes Ă la succession monarchique et au gouvernement se trouve progressivement limitĂ© en Europe entre la fin du Moyen Ăge et lâĂ©poque moderne. LâavĂšnement des monarchies absolues accentua ce processus en attribuant aux successeurs masculins la direction des affaires. Pourtant cette tendance ne recouvre quâen partie la rĂ©alitĂ© des droits et des pratiques politiques dans le continent car, dans ces pĂ©riodes, plusieurs royaumes furent gouvernĂ©s par des femmes. Aux XVIe et XVIIe siĂšcles, bien que les principes de dĂ©volution fussent solidement entre les mains des hommes, la prĂ©sence de souveraines est un constat quâil est difficile de rĂ©futer. Les travaux rĂ©cents ont montrĂ© Ă quel point ce processus de rĂ©duction et dâexclusion fut associĂ© Ă un autre, moins visible mais tout aussi important, dâinclusion des femmes dans la gestion de la res publica, Ă laquelle ces derniĂšres apportĂšrent des contributions essentielles. En effet, ce long processus fut Ă©maillĂ©, en contrepoint, dâĂ©lĂ©ments attestant le rĂŽle central des femmes au sommet de lâĂtat. Il suffira dâĂ©voquer quelques cas significatifs en France. Le premier concerne les deux pairies fĂ©minines du temps de Philippe V lâune de Mahaut dâArtois qui participa au couronnement de ce dernier, et lâautre de Jeanne de France qui, en Ă©change de sa renonciation Ă ses droits sur lâhĂ©ritage capĂ©tien, obtint par Philippe V la pairie dâAngoulĂȘme. Le second cas concerne le renforcement du patrimoine royal soutenu par les hĂ©ritages fĂ©minins. Dâabord celui dâAnne de Bretagne, titulaire dâun duchĂ© indĂ©pendant, deux fois reine par son union avec Charles VIII et Louis XII, qui lĂ©gua son territoire Ă la monarchie ; ensuite celui de Marguerite de Valois, ancienne Ă©pouse de Henri IV qui, malgrĂ© la dissolution de son mariage, Ćuvra afin que les biens de sa mĂšre Catherine de MĂ©dicis ainsi que les siens propres fussent transmis en hĂ©ritage Ă Louis XIII, contribuant ainsi Ă lâĂ©largissement du domaine royal1. On pourrait Ă©largir ces observations au monde espagnol, en Ă©voquant lâapport essentiel de Jeanne, reine de Castille depuis 1504, au patrimoine de son fils Charles de Habsbourg, futur Charles V. Celui-ci Ă©carta sa mĂšre du pouvoir, pour bĂ©nĂ©ficier de la plĂ©nitude dâune succession qui ne lui revenait quâĂ moitiĂ©. Les Ă©tudes classiques et celles plus rĂ©centes ont montrĂ© que la folie » de Jeanne eut une dimension politique dont profita la monarchie ibĂ©rique lors dâun passage fondamental pour le contrĂŽle politique de lâEurope du XVIe siĂšcle2. 2Au-delĂ de lâaspect formel, ce processus historique montre que, reines ou princesses, les femmes eurent un rĂŽle central dans les institutions dâAncien rĂ©gime. Leur inscription dans les sociĂ©tĂ©s de lâOccident chrĂ©tien fut essentielle tant sur le plan anthropologique et politique que culturel. Si lâhistoriographie traditionnelle, plutĂŽt misogyne, en a rĂ©duit lâimportance, lâhistoriographie contemporaine issue dâune part des recherches sur le cĂ©rĂ©monial et lâabsolutisme et dâautre part de celles sur les genres ont restituĂ© Ă ce phĂ©nomĂšne sa vĂ©ritable complexitĂ©. 3 Cesarina Casanova, op. cit., p. 56-58. 4 Fanny Cosandey, De la loi salique Ă la rĂ©gence », op. cit., p. 183. 3Pour les femmes, les possibilitĂ©s de conquĂ©rir et dâhĂ©riter des places de commandement furent progressivement limitĂ©es pour trois raisons principales lâavĂšnement des grandes monarchies continentales, lâaffirmation de la souverainetĂ© dynastique comme forme de stabilisation politique et enfin la lĂ©gitimation formelle du pouvoir princier et royal3. Fanny Cosandey a observĂ© que ce processus dâexclusion des femmes du droit de dĂ©volution nâĂ©limina pas leur participation, qui ne fut que modifiĂ©e, avec parfois des avantages notables comme dans le cas des rĂ©gences qui devinrent le terrain privilĂ©giĂ© de lâaction politique des reines et des princesses, en France et ailleurs4. Cette chercheuse montre Ă©galement que les crises successorales des XIVe et XVe siĂšcles aboutirent Ă lâexclusion des filles du trĂŽne pour des raisons conjoncturelles, liĂ©es aux circonstances historiques, sans avoir recours Ă lâargument de lâincapacitĂ© fĂ©minine Ă gouverner. Ce fut dans le contexte bien diffĂ©rent du xvie siĂšcle que le discours de lâincapacitĂ© des femmes fut dĂ©veloppĂ©, sans toutefois les empĂȘcher de conserver des positions supĂ©rieures dans la politique. Les lois de 1374 et de 1407 fixĂšrent la majoritĂ© des rois et les modalitĂ©s dâexercice de la rĂ©gence durant la minoritĂ© du souverain. La thĂšse formulĂ©e en 1407 de la succession immĂ©diate du trĂŽne, qui transmettait toute lâautoritĂ© au jeune prince, finit par renforcer lâemprise de la reine qui, en ayant la garde, contrĂŽlait aussi le pouvoir. Ainsi, Ă©ducation du prince et gestion des affaires politiques se superposĂšrent au profit du statut de la reine mĂšre en fragilisant la concurrence des princes de la famille royale. 5 Cesarina Casanova, op. cit., p. 57. 4Cette orientation trouve dâautres confirmations intĂ©ressantes. En 1581, dans lâun de ses ouvrages, Girolamo Garzoni affirma que lâexclusion des femmes du droit de dĂ©volution ne se fondait guĂšre sur la tradition juridique, mais sur des pratiques sociales. Au siĂšcle suivant, Gregorius Rollbag analysa les droits des femmes en Europe â France, Espagne, Italie, Allemagne. Il en conclut que les arguments servant leur exclusion sâappuyaient rarement sur la jurisprudence, la plupart des auteurs utilisant des topoi appartenant Ă la littĂ©rature thĂ©ologique, mĂ©dicale et historique5. 6 Cf. Ălie. Barnavi, Mythes et rĂ©alitĂ© historique le cas de la loi salique », Histoire, Economi ... 7 Cesarina Casanova, op. cit., p. 84. 8 Fanny Cosandey, Quelques rĂ©flexions sur les transmissions royales maternelles la succession d ... 9 Fanny Cosandey, De la loi salique Ă la rĂ©gence », op. cit., p. 192-195 ; id., Puissance mater ... 5Paradoxalement, le statut spĂ©cifique des femmes fut consolidĂ© par le travail de lĂ©gitimation soutenu par la monarchie en France et par les dynasties princiĂšres Ă lâĂ©poque moderne. Celles-ci formalisĂšrent lâautoritĂ© souveraine non seulement par la loi et par lâexercice du pouvoir mais aussi par lâexaltation de sa dignitĂ© et de sa supĂ©rioritĂ©, par son unicitĂ©, dĂ©clarĂ©e dâorigine divine, comprenant le roi et la reine. Les grandes cĂ©rĂ©monies de la couronne noces, sacre, couronnement, funĂ©railles, dont les symboles furent popularisĂ©s par les fĂȘtes entrĂ©es, ballets, jeux Ă©questres donnĂšrent au couple royal une dimension nouvelle qui profita Ă©galement aux femmes. Au xvie siĂšcle, la rĂ©invention de la loi salique6, sâappuyant dorĂ©navant sur lâargument de lâincapacitĂ© naturelle » des femmes Ă gouverner, eut pour effet de relĂ©guer les souveraines dans la sphĂšre domestique dâĂ©pouses et de mĂšres. Lâamour maternel devint alors la base de leur influence. Exclues de la succession au trĂŽne, les mĂšres et les veuves garantissaient les intĂ©rĂȘts des hĂ©ritiers directs en opposition aux intĂ©rĂȘts des membres collatĂ©raux de la dynastie au pouvoir. Plus encore, elles subordonnaient leurs propres intĂ©rĂȘts politiques Ă lâamour pour leurs enfants, en particulier pour lâaĂźnĂ©7. Une telle disposition, axĂ©e sur le sacrifice de soi et considĂ©rĂ©e comme naturelle », devint un argument politique qui plaça les reines mĂšres au-dessus de leur condition secondaire, faisant de ce statut une rĂ©alitĂ© Ă part, proche de la condition unique du roi. Bien que limitĂ©es formellement dans leur action politique, les mĂšres et veuves jouirent dâune autoritĂ© considĂ©rable qui sâexerça dans lâĂ©ducation du prince la tutelle et dans la gestion des affaires du royaume la rĂ©gence. La minoritĂ© du souverain se prĂ©senta donc comme une voie privilĂ©giĂ©e pour accĂ©der Ă la royautĂ©, dont elles avaient le contrĂŽle par le puissant lien avec leurs fils, siĂšge corporel de lâautoritĂ©. De ce point de vue, la rĂ©gence devenait une sorte de prolongation de lâunion royale, sphĂšre supĂ©rieure et unique couple roi-reine du pouvoir suprĂȘme, et le lieu dâexercice de la puissance fĂ©minine transfĂ©rĂ©e au couple mĂšre-fils. Ainsi, la loi salique moderne, qui assurait le monopole de la domination masculine, rĂ©intĂ©gra les femmes des princes dans la fonction royale par la crĂ©ation de la rĂ©gence, qui fut par la suite monopolisĂ©e par elles. Vu de prĂšs, ce mĂ©canisme juridique centrĂ© sur la loi salique crĂ©e une exclusion de droit avec une inclusion parallĂšle de droit. Ce dualisme montre dâune part lâimpossibilitĂ© dâexclure de la dĂ©volution un acteur fondamental de la dynastie, et dâautre part le redoublement de lâautoritĂ© souveraine incarnĂ©e par lâĂ©pouse pendant la rĂ©gence, la mĂšre exerçait ses prĂ©rogatives au nom du prince en tant quâextension des fonctions domestiques au domaine de lâĂtat8. Certes, le pouvoir de rĂ©gence Ă©tait conditionnĂ© dans le temps, mais il ne lâĂ©tait guĂšre dans ses prĂ©rogatives9. MĂȘme la crĂ©ation dâun Conseil de rĂ©gence prĂ©vu par les rois dans leur testament, pour contrĂŽler lâaction des veuves, resta lettre morte dans la rĂ©alitĂ© politique, puisquâil sâagissait dâun outil peu propice Ă lâexercice du pouvoir absolu. 10 La typologie des rĂ©gences, dâabsence momentanĂ©e, permanente ou de cumul, dâincapacitĂ© et de minor ... 11 Un cadre dâensemble assez articulĂ© est proposĂ© par Cesarina Casanova, op. cit., dans un chapitre ... 6Ce qui ressort de cette Ă©volution de la puissance des femmes Ă lâĂ©poque moderne, câest que dans les pays rĂ©gis par la loi salique, comme la France et les Ătats de Savoie, les mĂšres et les veuves eurent un rĂŽle dĂ©terminant dans la sauvegarde et la stabilisation de la dynastie, qui passait par le lien indissoluble, naturel », entre la mĂšre et le fils. Câest lĂ le fondement de la tutelle maternelle et la motivation profonde du gouvernement des rĂ©gentes. Former le prince et prĂ©server les possessions de celui-ci jusquâĂ ce quâil soit en mesure de tenir lui-mĂȘme les rĂȘnes du pouvoir constituaient lâessentiel de cette fonction hautement politique. Or, comme les rĂ©gences de minoritĂ©, bien diffĂ©rentes des autres10, correspondaient souvent Ă des pĂ©riodes de crises particuliĂšres suivant la mort du souverain et se voyaient soumises aux pressions des princes et des clientĂšles de cour, la tĂąche sâavĂ©rait exceptionnelle, mettant Ă lâĂ©preuve et forgeant des personnalitĂ©s de haute capacitĂ©. Aux XVIe et xviie siĂšcles, les exemples de femmes fortes » sont nombreux en France et dans les pays proches. Les discours politiques et les reprĂ©sentations littĂ©raires et artistiques Ă©laborĂšrent des modĂšles proches qui partagĂšrent des traits communs leurs vertus exceptionnelles, leur capacitĂ© Ă gĂ©rer les intrigues politiques, leur vocation Ă la paix et leur statut de mĂšres souveraines. Ă lâopposĂ©, leurs dĂ©tracteurs composĂšrent des portraits au noir dont les traits Ă©taient Ă©galement proches les dĂ©sordres sexuels, les arts magiques, la cruautĂ©, lâincapacitĂ©, la folie. Bref, les topoi de la misogynie classique â corruption, sorcellerie, insensibilitĂ© et faiblesse â furent mobilisĂ©s pour peindre un ĂȘtre faible dans le corps et dans lâesprit, incapable de diriger les affaires11. 12 Cf. Jean-François Dubost, Marie de MĂ©dicis. La reine dĂ©voilĂ©e, Paris, Payot, 2009, p. 228-248, no ... 13 Voir Marie-ThĂ©rĂšse Bouquet-Boyer, Turin et les musiciens de la cour, 1619-1775. Vie quotidienne e ... 14 Jean-François Dubost, op. cit., p. 246-247. 15 Ibidem, p. 633-634. 16 Costanza Ruggero, Lâarchitecture de la magnificence. Le modĂšle du Valentino », in Giuliano Ferr ... 17 Jean-François Dubost, op. cit., p. 669. 7Ă ce sujet, le cas de Marie de MĂ©dicis, reine de France, et celui de Christine de France, sa fille, duchesse de Savoie, prĂ©sentent un parallĂ©lisme Ă©tonnant. DestinĂ©es dâabord Ă occuper un rĂŽle subordonnĂ©, elles furent projetĂ©es sur le devant de la scĂšne politique par la disparition prĂ©maturĂ©e de leurs Ă©poux. Dans la premiĂšre partie de leur rĂšgne, elles constituĂšrent des clientĂšles littĂ©raires et artistiques organisĂ©es autour dâun vaste patronat. Dans le cas de Marie, cela se manifesta par le soutien au théùtre italien, quâelle sâefforça dâintroduire en France, et par lâappui Ă la musique de cour de Robert Balard, le meilleur interprĂšte de son temps, que la reine pensionna et voulut Ă son service12. Christine, quant Ă elle, soutint la poĂ©sie, les ballets de cour, les fĂȘtes et les spectacles princiers. Tout cela donna Ă la cour de Turin un Ă©clat qui en fit peu Ă peu lâune des plus brillantes dâEurope13. Le goĂ»t français et le goĂ»t italien furent pratiquĂ©s des deux cĂŽtĂ©s des Alpes, certes de maniĂšre diffĂ©rente, mais avec bonheur. Lâimage de passeur culturel cultivĂ©e par les deux princesses est flagrante dans leur politique Ă©dilitaire. Ă Paris, Marie cĂ©lĂ©bra lâimage de son Ă©poux, roi vainqueur et triomphant, par lâĂ©rection en 1614 dâun monument Ă©questre sur la place Dauphine, au milieu du Pont-Neuf, qui unissait lâart italien Ă lâart français14. Marie fit Ă©galement Ă©difier Ă partir de 1615 lâhĂŽtel du Luxembourg dans le faubourg Saint-Germain, qui sâinspirait du Palais Pitti de Florence, et dont la rĂ©alisation fut confiĂ©e Ă des artistes français et, plus tard, au cĂ©lĂšbre Rubens, lorsque la reine sâefforça pour des raisons dâintĂ©gration politique de limiter la prĂ©sence des Italiens dans son entourage15. Ă Turin, Christine de France transforma le vieux chĂąteau du Valentino en luxueuse rĂ©sidence française, sâinspirant du modĂšle du Luxembourg de Paris16. Ces croisements de style et de culture pourraient ĂȘtre encore dĂ©veloppĂ©s Ă travers les reprĂ©sentations picturales de Marie au Luxembourg, ou celles des portraits et gravures de Christine de France, dont les traits communs Ă©taient lâexaltation de la femme-roi dĂ©clinĂ©e Ă travers ses vertus hĂ©roĂŻques, son statut de veuve et son gouvernement politique assurant le bonheur de ses peuples17. La dimension masculine » de leur Ćuvre fĂ©minine » se traduit dans la reprĂ©sentation emblĂ©matique de lâamazone pour Marie dans le cycle de Rubens La Prise de Juliers et pour Christine dans les tableaux de Charles Dauphin. Sâappropriant un mode de reprĂ©sentation du monarque, ces deux veuves souveraines sâaffichent en guerriĂšres triomphatrices et en femmes fortes, une sorte de demi-dieu incarnant la domination politique, attribut traditionnel du monde masculin. Les rĂ©gences de Marie de MĂ©dicis et de Christine de France modĂšle et rĂ©ussite 18 Jean-François Dubost, op. cit., p. 295-542, 767-865 ; Stefano Tabacchi, op. cit., p. 109-246 ; 33 ... 8Les rĂ©gences des deux princesses furent dĂ©clarĂ©es dans des circonstances dramatiques. Pour Marie, ce fut lâassassinat de Henri IV en 1610, et pour Christine la disparition subite de Victor-AmĂ©dĂ©e Ier en 1637. Le contexte international tournait Ă la guerre. En Europe, le conflit fut repoussĂ© grĂące aussi Ă la volontĂ© de paix de Marie de MĂ©dicis, tandis que les dĂ©chirements de la sociĂ©tĂ© civile en Savoie couvaient du fait de la mort du duc qui laissait une succession fragile, avec deux enfants chĂ©tifs en bas Ăąge. Les deux rĂ©gentes subirent les effets des tensions et des contradictions de leurs pays, sâattirant lâĂ©loge et la foudre au cours dâune parabole politique exemplaire, Ă©maillĂ©e de succĂšs et de difficultĂ©s. MalgrĂ© un bilan positif, les historiens ont encore aujourdâhui du mal Ă leur attribuer le mĂ©rite dâavoir traversĂ© une longue crise en assurant au final la stabilitĂ© de leurs pays. Pourtant, les rĂšgnes de Louis XIII et de Charles-Emmanuel II sont issus du travail fondamental de ces femmes dâĂtat18. 9Pour comprendre la nature et les rĂ©sultats historiques de ces deux rĂ©gences, nous dĂ©velopperons trois temps. Le premier concerne celui de lâĂ©ducation de lâenfant ainsi que sa relation avec la mĂšre ; le deuxiĂšme sâinscrit dans lâannonce de la majoritĂ© du prince et ses effets sur le gouvernement de la mĂšre ; le troisiĂšme Ă©claire le lien entre les acteurs principaux, qui influence lâissue politique des rĂ©gences elles-mĂȘmes. La construction de lâenfant amour et nĂ©gligence aristocratique 19 Jean-François Dubost, op. cit., p. 112-114. 20 Ibidem, p. 133-134, 140-141 ; Stefano Tabacchi, op. cit., p. 68-74. 21 Ce topos persiste dans la plupart des biographies du roi. Voir par exemple Pierre Chevalier, Loui ... 22 Ă ce sujet, voir lâexcellent ouvrage de Caroline Maillet-Rao, La pensĂ©e politique des dĂ©vots. Mat ... 10Nous avons dĂ©jĂ Ă©voquĂ© le binĂŽme roi-reine comme antĂ©cĂ©dent essentiel du second binĂŽme mĂšre-enfant. Les travaux rĂ©cents ont montrĂ© quâĂ partir de 1602 la reine fut progressivement initiĂ©e Ă la politique par volontĂ© du roi, dans une position toutefois subordonnĂ©e, selon les dispositions de la loi salique rĂ©affirmĂ©e durant la crise de succession au trĂŽne19. Marie avait parfaitement rempli son contrat dâĂ©pouse en donnant en quelques annĂ©es Ă son Ă©poux six enfants, dont trois garçons. La naissance du dauphin en 1601 avait en particulier fondĂ© une nouvelle dynastie et Ă©loignĂ© les dangers dâune guerre civile procĂ©dant dâune Ă©ventuelle stĂ©rilitĂ©. La fĂ©conditĂ© de la mĂšre fut alors interprĂ©tĂ©e comme la preuve de la prospĂ©ritĂ© retrouvĂ©e du royaume, et la naissance du petit Louis fut considĂ©rĂ©e comme la venue du Sauveur20. La satisfaction de la mĂšre et lâamour Ă©prouvĂ© Ă lâĂ©gard de ses enfants ne purent trouver un meilleur contexte. Cependant lâhistoriographie traditionnelle, suivant lâimage nĂ©gative de la reine forgĂ©e durant les diffĂ©rends politiques avec Louis XIII, a prĂ©sentĂ© la relation affective entre la mĂšre et le fils comme la cause de ce conflit. Lâaccusation courante fut que Marie avait Ă©tĂ© une mauvaise mĂšre, froide et absente, et que Louis lâaurait rejetĂ©e ensuite par rĂ©action21. Le rĂ©sultat fut de rĂ©duire la politique Ă une relation affective et de transformer la question des choix stratĂ©giques de la monarchie Ă une psychomachie dâuniversels Ă©thiques opposant la mĂšre et le fils. Richelieu, devenu le principal antagoniste de son ancienne protectrice, Ćuvra puissamment pour favoriser une historiographie qui discrĂ©ditait la politique de Marie et de son parti Ă la cour22. 23 Jean-François Dubost, op. cit., p. 146-151. Voir aussi lâanalyse de Stefano Tabacchi, op. cit., p ... 24 Le roi afficha constamment sa volontĂ© de sĂ©parer les fonctions de mĂšre de celle de rĂ©gente et man ... 25 Cf. Jean-Christian Petit-fils, op. cit., p. 148-149, qui reconnaĂźt la modĂ©ration de Marie dans lâ ... 11Les recherches rĂ©centes ont montrĂ© une rĂ©alitĂ© bien plus nuancĂ©e. Marie sâoccupa du dauphin et de ses enfants suivant les pratiques de lâaristocratie de son temps. Elle ne les Ă©duqua pas directement, ceci Ă©tant la tĂąche du personnel chargĂ© de la formation du prince â gouvernante, mĂ©decin et nourrice dâabord, gouverneur et prĂ©cepteur ensuite â, mais les accompagna dans leur quotidien et dans leur parcours se montrant plutĂŽt attentive et affectueuse. Le mĂ©decin HĂ©roard atteste dans son journal les Ă©changes rĂ©guliers entre Marie et Louis. Par exemple, elle transmit au dauphin son goĂ»t pour la musique, quâil cultiva intensĂ©ment toute sa vie23. Le respect envers sa mĂšre, affichĂ© dans leurs diffĂ©rends politiques, est un marqueur significatif de leurs liens rĂ©ciproques et du fonctionnement de la relation mĂšre-fils24. Certains biographes de Louis XIII rappellent volontiers lâusage du fouet comme pratique Ă©ducative adoptĂ©e par la reine, oubliant non seulement que ce procĂ©dĂ© Ă©tait courant Ă cette Ă©poque, mais surtout que Henri IV imposa une application trĂšs sĂ©vĂšre de cette discipline quâil considĂ©rait nĂ©cessaire pour plier le caractĂšre vif et emportĂ© de son enfant. Ces duretĂ©s ne constituaient pas le cĆur de lâĂ©ducation du roi qui put dĂ©velopper des sentiments dâaffection profonds Ă lâĂ©gard de ses parents25. 26 Giuliano Ferretti, Un temps de mutations », op. cit., p. 267-269 ; Paolo Cozzo, Le clergĂ© de ... 27 Anne dâAutriche 1601 et Christine de France 1606 Ă©taient presque de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration. La pr ... 28 Gaudenzio Claretta, Storia del regno e dei tempi di Carlo Emanuele II duca di Savoia, GĂȘnes, Tip. ... 12LâexpĂ©rience de Christine de France fut assez similaire Ă celle de sa mĂšre. Dans le duchĂ© de Savoie, le rĂ©gime de dĂ©volution Ă©tait Ă©galement rĂ©glĂ© par la loi salique. Comme Marie, Christine sâavĂ©ra capable dâassurer rapidement la succession dynastique. Elle donna Ă son Ă©poux cinq enfants, dont deux garçons, François-Hyacinthe nĂ© en 1632 et Charles-Emmanuel en 1634. TrĂšs jeune lors de son mariage 13 ans en 1619, elle fut associĂ©e par Victor-AmĂ©dĂ©e aux affaires vers 1628. Ses liens avec la France firent dâelle un mĂ©diateur idĂ©al pour les questions internationales. La princesse soutint les intĂ©rĂȘts du duchĂ© en consolidant lâinfluence française Ă la cour de Turin. AprĂšs lâavĂšnement au trĂŽne de son Ă©poux 1630, elle devint le rĂ©fĂ©rent officieux du gouvernement de Richelieu. Christine assura Ă sa progĂ©niture une Ă©ducation aristocratique soignĂ©e, assortie cependant dâune formation religieuse inspirĂ©e par la douceur dĂ©votionnelle de François de Sales, dont la princesse fut lâune des plus actives crĂ©atures. Les enfants firent lâobjet dâune attention constante, alimentant des sentiments dâamitiĂ© rĂ©ciproques qui furent la marque des liens mutuels avec leur mĂšre26. De ce point de vue, lâĂ©ducation que Christine donna Ă ses enfants sâĂ©loigna de celle pratiquĂ©e par sa mĂšre et fut plus proche de celle quâAnne dâAutriche donna Ă Louis XIV et Ă Philippe dâOrlĂ©ans. Ce rapprochement relevait en partie de lâĂ©cart gĂ©nĂ©rationnel entre ces souveraines et les changements historiques entre les normes sociales du XVIe siĂšcle finissant et celles du siĂšcle suivant27. Quoi quâil en soit de ces Ă©volutions, les rapports entre Christine de France et son fils Charles-Emmanuel II furent marquĂ©s par une entente singuliĂšre qui ne se dĂ©mentit jamais28. Le goulot Ă©troit de la rĂ©gence. Un tournant dĂ©cisif ? 29 Jean-François Dubost, op. cit., p. 437-438 ; Jean-Christian Petit-fils, op. cit., p. 171-172 ; Er ... 13Le passage de la minoritĂ© Ă la majoritĂ© du prince est un moment clef dans les sociĂ©tĂ©s dâAncien rĂ©gime. FixĂ©e Ă 13 ans rĂ©volus, ce terme Ă©tait insuffisant pour gouverner rĂ©ellement, mais il avait lâavantage de limiter lâintervalle dâune minoritĂ© durant laquelle lâaristocratie Ă©tait plus indĂ©pendante et exerçait des pressions pour modifier Ă son avantage lâĂ©quilibre avec la dynastie dominante. Le souverain avait ainsi besoin dâun temps dâapprentissage politique durant lequel le Conseil lâaccompagnait dans la gouvernance du pays. Louis XIII et Charles-Emmanuel II sortirent de la tutelle de leurs mĂšres respectivement en 1614 et en 1648. La fin de la rĂ©gence fut dĂ©clarĂ©e publiquement, restituant aux jeunes souverains toute la latitude de leur autoritĂ©. Louis et Charles-Emmanuel, prĂ©parĂ©s par leur entourage, demandĂšrent aux rĂ©gentes de continuer les soins de leurs affaires29. Ainsi faisant, ils se cantonnĂšrent eux-mĂȘmes dans un rĂŽle domestique. Lâinversion de statut au profit de la mĂšre nâĂ©tait pas anodine, puisque en tant que chef du Conseil dâun prince majeur, celle-ci pouvait mener une politique propre, lĂ©gitimĂ©e par le souverain lui-mĂȘme. En outre, cette prolongation de pouvoir sâimposait naturellement puisquâil Ă©tait confiĂ© Ă celle qui place les intĂ©rĂȘts du souverain avant les siens propres. 30 Antony de Jasay, LâĂtat, Paris, Les Belles Lettres, 1994, chap. I-II. 14Le rĂ©sultat dâun tel processus fut que la rĂ©gence prit les formes dâun systĂšme de pouvoir rĂ©gi par des normes juridiques quâelle modifiait Ă son avantage en prolongeant son existence, se comportant comme tout organisme politique au cours de sa longue existence, lâĂtat moderne ne fit autrement30. Ainsi, lâautoritĂ© subordonnĂ©e des Ă©pouses, imposĂ©e par la loi salique, prit ici sa revanche. Aux XVIe-XVIIe siĂšcles la prĂ©sence des femmes aux sommets des monarchies et principautĂ©s europĂ©ennes corrigeait une exclusion dont le dĂ©faut majeur avait Ă©tĂ© de mal traduire la complexitĂ© des relations de lâaristocratie moderne. 15Dans les cas de Marie de MĂ©dicis et de Christine de France, leurs gouvernements eurent des temporalitĂ©s diffĂ©rentes trois ans pour la premiĂšre et quinze ans pour la seconde 1663. Certes, Marie revint au Conseil par deux fois, en 1622-1624 faiblement et en 1624-1630 nettement, mais toujours Ă cĂŽtĂ© du roi et en partie avec Richelieu. Dans les deux cas, ce fut une gouvernance subordonnĂ©e et conditionnĂ©e par le vouloir du roi. Pourquoi donc une telle diffĂ©rence ? 16Cette temporalitĂ© frappe, lorsque lâon pense au poids exercĂ© par Marie sur les clientĂšles du royaume et Ă sa longue expĂ©rience de gouvernement. Face Ă elle, la duchesse de Savoie paraĂźt peu de chose sans expĂ©rience politique, Ă©crasĂ©e par lâoccupation Ă©trangĂšre, fragilisĂ©e par lâopposition de ses beaux-frĂšres, anĂ©antie ou presque par la guerre civile et la guerre de Trente ans. Pourtant elle rĂ©ussit Ă surmonter tous ces obstacles et Ă garder la direction de lâĂtat jusquâĂ sa mort. Dâune part se remarquent la force et la hauteur de vue, de lâautre la faiblesse et les limites dâune princesse de rang infĂ©rieur. Elles apparaissent comme lâaigle et la colombe prises dans un tourbillon dont lâissue pourtant annoncĂ©e dâavance, fut tout autre. La raison dâune telle diffĂ©rence de rĂ©sultat rĂ©side dans la capacitĂ© de ces souveraines Ă inscrire leur rĂŽle dans le binĂŽme juridico-politique mĂšre-fils. Marie de MĂ©dicis aprĂšs 1614 la place du roi 31 Jean-Christian Petit-fils, op. cit., p. 209-210 ; Jean-François Dubost, op. cit., p. 539. 32 Ibidem, p. 504-520. 17Devenu majeur, Louis XIII manifesta assez tĂŽt le dĂ©sir de siĂ©ger au Conseil pour entamer sa formation de roi, nourrissant depuis tout petit une haute conception de son rĂŽle. Marie de MĂ©dicis lâentendait diffĂ©remment et lâĂ©loigna des affaires publiques31. Lâadolescent royal exprima inutilement son ambition, puis dĂ©veloppa une sourde hostilitĂ© Ă lâĂ©gard de sa mĂšre. Tant que le contexte politique fut favorable Ă Marie de MĂ©dicis, la situation resta stable. Entre 1614 et 1615, elle fit preuve dâhabiletĂ© en gĂ©rant la convocation des Ătats gĂ©nĂ©raux Ă lâavantage de la monarchie et de lâorientation absolutiste quâelle Ă©tait en train dâaffirmer. De plus, lâĂ©conomie et les finances prĂ©sentaient des rĂ©sultats encourageants. En 1616, les tensions avec le prince de CondĂ© dâun cĂŽtĂ© et le changement des ministres dans le gouvernement de lâautre cĂŽtĂ©, associĂ© Ă la faveur croissante des Concini, suscitĂšrent des rĂ©serves dans le pays, notamment de la part de lâaristocratie qui se voyait exclue, avec ses nombreuses clientĂšles, de la distribution des bienfaits du roi32. 33 Ibidem, p. 521-541, 592-603, 604-617. Cf. aussi, HĂ©lĂšne Duccini, Concini. Grandeur et misĂšre du f ... 34 Jean-François Dubost, op. cit., p. 640-650, 744-804. 18Ces changements prĂ©paraient le climat dont Louis XIII avait besoin pour se dĂ©gager de la tutelle prolongĂ©e de sa mĂšre. Il fit part Ă la reine mĂšre de ses rĂ©serves sur le ministĂšre Concini, sans rĂ©sultat notable. Ensuite, la frustration de se voir toujours Ă lâĂ©cart alimenta le projet dâun coup dâĂtat que le roi anima avec son entourage en avril 1617. Cela dĂ©boucha sur la fin tragique des Concini, le renversement du gouvernement et lâĂ©loignement de Marie de MĂ©dicis. Lâattitude de cette derniĂšre est ce qui frappe le plus. Au lieu de prendre acte de la dĂ©cision du roi, qui avait montrĂ© par la violence de sa rĂ©volte sa dĂ©termination Ă diriger lâĂtat avec lâaide de son entourage dominĂ© par Luynes, elle sây opposa en mobilisant les clientĂšles aristocratiques quâelle avait auparavant combattues au nom de la monarchie. Elle poussa sa rĂ©sistance jusquâĂ prendre les armes contre le roi, en 1619 mars-avril et en 1620 juin-aoĂ»t. Dans les deux cas, Ă lâinstar de CondĂ© et des Grands pendant sa rĂ©gence, elle fit un usage fructueux de la rĂ©volte politique, qui connut un succĂšs non nĂ©gligeable33. Elle obtint en effet de rester Ă Paris, puis la confirmation de ses charges territoriales, le maintien de ses pensions et enfin une sensible augmentation de ses revenus. La paix et lâunitĂ© de la dynastie furent payĂ©es par le roi, qui toutefois imposait sa politique. CâĂ©tait une solution rĂ©aliste qui permit en 1622 Ă Marie de revenir aux affaires. La reine mĂšre et son parti tirĂšrent avantage de la mort de Luynes et de la sortie de CondĂ© du royaume pour consolider leur influence Ă la cour. En 1624, les dĂ©vots parvinrent ainsi Ă faire appeler au Conseil le cardinal de Richelieu, crĂ©ature » de la reine mĂšre. DĂšs lors, la montĂ©e en puissance des dĂ©vots obligea le roi Ă partager la direction de la monarchie avec sa mĂšre et le cardinal. En 1630, une nouvelle crise avec le roi, doublĂ©e dâune autre avec Richelieu, la chassa dĂ©finitivement du pouvoir34. Marie entama alors un long exil qui se conclut par sa mort Ă lâĂ©tranger en 1642. 35 Cf. Ă ce sujet Christian Jouaud, Richelieu et lâĂ©criture du pouvoir. Autour de la JournĂ©e des Dup ... 19Les historiens se sont longuement interrogĂ©s sur les causes de cette ultime mĂ©sentente sans pouvoir avancer de rĂ©ponse satisfaisante Ă cause du silence que Louis XIII â roi tacitien â garda scrupuleusement sur lâun des Ă©vĂ©nements-phares de son rĂšgne35. Sans entrer dans ce dĂ©bat, il suffira de rappeler deux aspects fondamentaux. Dâabord la capacitĂ© de Marie Ă revenir au gouvernement aprĂšs 1617, dans des conditions difficiles, aggravĂ©es par sa rĂ©volte militaire, et ensuite de sây installer en disposant dâun puissant parti et de lâun des meilleurs hommes politiques de son temps. Cela prouve ses compĂ©tences politiques considĂ©rables que les historiens, Ă lâexception de Dubost, ont eu du mal Ă lui reconnaĂźtre. Grande aristocrate descendant des MĂ©dicis et des Habsbourg, elle sut sâadapter au contexte français en se dotant dâune vaste clientĂšle aristocratique et financiĂšre quâelle utilisa Ă son profit, au dĂ©but de sa carriĂšre pour sâopposer aux Grands qui voulaient contrĂŽler la monarchie, et plus tard pour combattre la dĂ©cision du roi de lâexclure des affaires publiques. Il convient de souligner la dĂ©termination de Marie Ă poursuivre sa lutte pour le pouvoir mĂȘme aprĂšs lâĂ©chec de 1630 et sa sortie du royaume. Pendant de longues annĂ©es, elle ne cessa de se battre pour mobiliser ses rĂ©seaux nobiliaires et exercer des pressions sur Louis XIII afin de pouvoir rentrer en France, ce qui signifiait, pour elle, retrouver son rang de reine de France. JusquâĂ la fin, la vision politique de Marie de MĂ©dicis resta celle dâune grande aristocrate, dâune des grandes personnalitĂ©s politiques de son temps Ă qui revenait de droit sa place dans la France monarchique. Christine de France aprĂšs 1637 la lutte pour la rĂ©gence 36 Giuliano Ferretti, Un temps de mutations. Le duchĂ© de Savoie face aux monarchies europĂ©ennes », ... 37 Ercole Ricotti, Storia della monarchia piemontese, op. cit., p. 61-67. 38 Giuliano Ferretti, Un temps de mutations. Le duchĂ© de Savoie face aux monarchies europĂ©ennes », ... 20Le parcours politique de Christine de France apparaĂźt plus linĂ©aire et plus difficile du fait des circonstances historiques. Si elle subit des contraintes analogues Ă celles de Marie de MĂ©dicis â femme Ă©trangĂšre sans rĂ©seaux autonomes â elle hĂ©rita dâun pouvoir plus fragile et dâun contexte hostile. DĂšs 1629 les Ătats de Savoie Ă©taient occupĂ©s par les armĂ©es françaises, et le duchĂ© endurait une grave crise Ă©conomique. La rĂ©gence fut proclamĂ©e dans des conditions douteuses, avec lâappui de la France, ce qui affaiblit lâautoritĂ© de la souveraine dans un pays ennemi de lâoccupation Ă©trangĂšre et de la guerre. En outre, la rĂ©gence de Christine, vite contestĂ©e par ses beaux-frĂšres, fut encore amoindrie en 1638 par la mort du petit duc François-Hyacinthe, compliquant le transfert de sa dĂ©lĂ©gation sur le successeur Charles-Emmanuel. Cette situation prĂ©cipita le pays dans la guerre civile en le divisant en deux groupes, lâun favorable Ă la rĂ©gente, lâautre aux beaux-frĂšres de la duchesse. Ces derniers rĂ©clamaient lâaccĂšs Ă la rĂ©gence en obtenant lâappui de lâEmpire et de lâEspagne, Ă©videmment intĂ©ressĂ©s Ă contrĂŽler les affaires de la pĂ©ninsule. Ce double antagonisme, Ă lâintĂ©rieur entre les membres de la dynastie, et Ă lâextĂ©rieur entre les grandes puissances europĂ©ennes aggrava la lutte intestine qui ruina le pays de 1638 Ă 1641. DĂšs son arrivĂ©e Ă Turin, Christine avait travaillĂ© Ă renforcer le parti français Ă la cour, qui constitua le premier noyau du groupe piĂ©montais et savoyard qui dirigea le pays aprĂšs 1637. Durant ces annĂ©es terribles, la duchesse sut tenir le cap entre la pression militaire de la France de Louis XIII et celle des princes Maurice et Thomas de Savoie puissamment soutenus par lâEspagne. La sortie de crise se fit par un compromis subtil entre fidĂ©litĂ© Ă la France, dont Christine avait besoin pour survivre, et dĂ©fense de lâautonomie du duchĂ© face Ă la France et Ă lâEspagne. Cet Ă©quilibre difficile permit Ă la duchesse de garder le contrĂŽle de lâĂtat. Les accords de paix traduisaient le compromis entre les groupes en lutte. Le duchĂ© fut divisĂ© en trois zones dâinfluence au sud Maurice de Savoie reçut la lieutenance de Nice avec ses possessions territoriales, au nord-est son frĂšre Thomas obtint celle dâIvrĂ©e avec ses dĂ©pendances et Christine garda le reste du duchĂ©36. La rĂ©gence resta Ă Christine, mais sous condition puisque les beaux-frĂšres obtinrent un droit de regard dans les questions les plus importantes de lâĂtat. Cette solution ne convenait quâen partie Ă Christine. Elle savait que son entente avec le petit duc et la qualitĂ© de leurs relations, toujours soutenues par son amour envers le souverain, lui confĂ©raient une pleine lĂ©gitimitĂ©. Lorsquâen 1648 Charles-Emmanuel atteignit la majoritĂ©, elle organisa une savante mise en scĂšne pour pouvoir continuer Ă diriger les affaires publiques. Profitant de lâabsence de Thomas de Savoie de son gouvernement dâIvrĂ©e, Christine prit possession de cette place dâoĂč elle fit proclamer la fin de la rĂ©gence, et se fit attribuer par son fils la direction du gouvernement. Ce coup dâĂtat, comme il fut dĂ©fini par les historiens piĂ©montais, fut un coup de maĂźtre selon la thĂ©orie de Gabriel NaudĂ©37. Le passage officiel des consignes du fils Ă la mĂšre fut assurĂ© par les ministres et les grands officiers de son Conseil. Les membres de lâancien parti français, soudĂ©s et expĂ©rimentĂ©s par des annĂ©es de crise et de guerre, prirent la relĂšve et se prĂ©parĂšrent Ă gouverner sous leur souverain. Un plan de renforcement de lâautoritĂ© ducale fut dĂ©veloppĂ© par la recomposition du Conseil et des institutions principales dans lesquels la duchesse nomma ses proches. Le solide groupe dâaristocrates et de robins, qui avait longuement servi la duchesse, assura le gros des affaires dâĂtat. Dans la dĂ©cennie qui sĂ©pare la majoritĂ© du duc de la fin du rĂšgne de Christine de France 1663, cette Ă©lite rĂ©ussit Ă consolider la structure administrative du duchĂ© et Ă en assurer la modernisation38. Ces rĂ©sultats furent possibles grĂące Ă la stabilitĂ© des relations entre Christine et Charles-Emmanuel. Celui-ci laissa Ă sa mĂšre la direction de lâĂtat jusquâĂ la disparition de celle-ci, puis prit simplement la succession qui lui revenait de droit. Le parallĂšle entre Louis XIV et sa mĂšre assistĂ©e par Mazarin est flagrant. Acteurs et enjeux 21Dans ce jeu de rapprochement et de parallĂšles â on lâaura remarquĂ© â les acteurs sont les mĂȘmes ou presque. Comme le temps historique peut ĂȘtre proche ! Louis XIII, Marie de MĂ©dicis, Richelieu, Christine de France et Charles-Emmanuel II sâalternent sur la mĂȘme scĂšne. Des liens de parentĂ©, Ă©galement Ă©troits, des droits similaires loi salique et un voisinage gĂ©opolitique complĂštent le cadre. Tout cela permet dâasseoir notre rĂ©flexion sur des solides Ă©lĂ©ments communs. 22Certes, la monarchie de France et les Ătats de Savoie ne sont comparables ni sur un plan Ă©tatique, ni sur un plan socio-politique. Il suffit de mettre en parallĂšle la grandeur de Marie de MĂ©dicis, câest-Ă -dire son rang, essentiel dans cette civilisation des hiĂ©rarchies sociales, pour mesurer la distance qui la sĂ©pare de sa fille. Comment imaginer que la premiĂšre ait pu chuter et la seconde tout surmonter et imposer sa volontĂ© politique jusquâĂ la fin ? Nous en avons montrĂ© les raisons que lâon rĂ©sumera ainsi dâabord la fidĂ©litĂ© au lien fondamental mĂšre-fils, câest-Ă -dire le respect du pacte implicite qui lie ces deux personnes sur le plan personnel et institutionnel. Ce binĂŽme renvoie Ă la nature propre de la rĂ©gence une dĂ©lĂ©gation de lâautoritĂ© souveraine dans des conditions spĂ©cifiques assortie dâune hiĂ©rarchie supĂ©rieur-infĂ©rieur qui, dans un milieu nobiliaire, est comme lâĂ©toile polaire pour le voyageur. DĂ©lĂ©gation et subordination au dĂ©tenteur de la souverainetĂ© sont la marque propre de lâinstitution de la rĂ©gence qui rappelle la condition dâun ministre. Lâon pourrait dire quâune rĂ©gente est une sorte de ministre dâĂtat, avec cette diffĂ©rence quâune mĂšre sâimpose plus facilement Ă son fils quâun ministre Ă un roi. 23Nous avons vu Ă quel point Marie de MĂ©dicis refoula lâambition dâun Louis XIII majeur de participer aux affaires. Nous avons soulignĂ© combien la reine mĂšre sâopposa Ă la dĂ©cision de son fils de diriger lâĂtat seul. Tout au contraire, Christine de France se tint constamment dans le respect de son rĂŽle, prolongeant sa dĂ©lĂ©gation au-delĂ de lâĂąge juridiquement adulte » de Charles-Emmanuel tout en sâassurant de lâaccord rĂ©el de ce dernier pour continuer lâexercice de son mandat. 39 Cf. Elisabetta Lurgo, Philippe dâOrlĂ©ans, Paris, Perrin, 2018, p. 29-53, 97-101, ici p. 99. 24En France, le cadre tendu mĂšre-fils fut aggravĂ© par les divisions au sein de la famille royale, Louis XIII et ses frĂšres ayant entretenu des rapports conflictuels permanents. Ce fut en partie Ă cause des dĂ©sordres sexuels de Henri IV, et en partie Ă cause de lâattitude de Marie de MĂ©dicis qui ne sut apporter le tempĂ©rament nĂ©cessaire Ă des inimitiĂ©s qui devinrent, Ă lâĂąge adulte, des rivalitĂ©s politiques majeures. Ce danger fut Ă©vitĂ© par Anne dâAutriche et Mazarin, qui furent parfaitement conscients du poids de la fratrie dans les affaires dâĂtat39. 25En Savoie, la situation fut moins difficile car les deux hĂ©ritiers se succĂ©dĂšrent dans leurs droits pendant leur enfance. Quant aux tensions, certes fortes, avec les deux beaux-frĂšres, elles Ă©taient extĂ©rieures Ă la famille ducale et ne pouvaient menacer la relation entre le petit duc et sa mĂšre. 40 Jean-François Dubost, op. cit., p. 620-625. 41 Ibidem, p. 621 ; Orest Ranum, Les crĂ©atures de Richelieu, Paris, PĂ©done, 1966, p. 179-203. 42 Jean-François Dubost, op. cit., p. 744-747. 26Un deuxiĂšme Ă©lĂ©ment mĂ©rite rĂ©flexion. Louis XIII aurait pu gouverner avec sa mĂšre comme celui-ci le fit dâabord avec ses ministres puis avec Richelieu. Cette hypothĂšse se heurte Ă lâattitude de ce dernier qui se positionna consciemment et progressivement en concurrent de la reine mĂšre. Lâinfluence du ministre se construisit en deux Ă©tapes, lâune portant sur le contrĂŽle de la maison de la reine, et lâautre sur celui de la maison » du roi lâĂtat lui-mĂȘme. Dans les deux cas, le cardinal en devint le dominus, cela est bien connu. Ce qui lâest moins, câest la mĂ©thode pratiquĂ©e durant son escalade vers le pouvoir. Ă partir de la paix dâAngers de 1620 qui rĂ©tablit la puissance politique de la reine mĂšre, la clientĂšle de la reine fut profondĂ©ment renouvelĂ©e40. Ayant obtenu les surintendances des maisons et finances de la reine mĂšre, Richelieu sâappuya sur les hommes en place avant de les remplacer par ses fidĂšles et sa famille. Lâentourage franco-italien de Marie fut Ă©loignĂ© tandis que les serviteurs français furent le plus souvent dĂ©tournĂ©s Ă son profit. Le cas de Bullion, membre du Conseil de la reine depuis 1606, est exemplaire puisquâil devint lâune des plus fidĂšles crĂ©atures du cardinal41. La stratĂ©gie de Richelieu fut, comme le dit bien Dubost, celle du coucou. En quelques annĂ©es, les finances et la maison de Marie furent noyautĂ©es par le ministre qui en contrĂŽla les nominations et le fonctionnement. ArrivĂ© au gouvernement, protĂ©gĂ© de Marie et reprĂ©sentant des dĂ©vots, il utilisa le mĂȘme procĂ©dĂ© avec le personnel ministĂ©riel et parvint Ă exercer le contrĂŽle sur les affaires du roi. Les deux filiĂšres appartenaient aux deux souverains, mais les officiers furent liĂ©s au cardinal par un serment de fidĂ©litĂ© prĂ©liminaire42. En quelques annĂ©es, le cardinal disposa dâun patronage capable de concurrencer ouvertement celui de la reine. Lâalliance de Richelieu avec CondĂ©, ancien rival et ennemi de Marie, acheva ce processus, permettant au principal ministre de pouvoir se soutenir sans lâappui de Marie. La prise de La Rochelle en 1628 lui apporta lâassise politique dont il avait besoin pour se tourner exclusivement vers le roi et abandonner son ancienne protectrice. 43 Cf. supra, p. 6, note 1. 27Il est clair que le cĆur du conflit rĂ©sidait dans leurs patronages, dont la force et lâextension influençaient lâorientation de la monarchie. Lâhistoriographie de cette Ă©poque, dominĂ©e par le cardinal, prĂ©senta cette opposition comme une affaire personnelle et fĂ©minine, sâorientant vers un projet politique erronĂ©. Or, les Ă©tudes rĂ©centes ont montrĂ© que les dĂ©vots tant dĂ©criĂ©s par lâhistoriographie ministĂ©rielle Ă©taient aussi absolutistes et belliqueux que Richelieu. Le vĂ©ritable enjeu de leur opposition concernait le ministĂ©riat en tant que dĂ©lĂ©gation stable de lâautoritĂ© royale Ă un ministre principal qui pouvait devenir presque lâĂ©gal du roi43. La cĂ©lĂšbre JournĂ©e des Dupes se rĂ©duit ici Ă une rĂ©volution de palais. 28Finalement, la question de la rĂ©gence avec ses temps de prolongation rĂ©vĂšle la nature de lâenjeu la conquĂȘte du gouvernement de lâĂtat menĂ©e par des groupes rivaux dans lesquels les rĂ©gentes jouent un rĂŽle fondamental, plus important que celui que leur accorde lâhistoriographie actuelle. 29Lorsque lâon observe lâĂ©chec de la reine Marie de MĂ©dicis, on comprend quâelle commit une erreur fatale elle Ă©valua le pouvoir de Richelieu selon sa culture nobiliaire, en oubliant la lutte farouche que se livraient les monarques roi ou ducs, peu importe et leurs aristocraties pour le contrĂŽle de lâĂtat. Pour Marie, Richelieu Ă©tait sa crĂ©ature », qui agissait comme son mĂ©diateur dans les affaires publiques. Elle oublia la mĂ©thode quâelle-mĂȘme avait pratiquĂ©e avec le roi et qui correspondait aux pratiques sociales de son temps changer de parti en fonction de ses intĂ©rĂȘts de rang ou de groupe socio-politique professionnel dirions-nous aujourdâhui qui tirait son pouvoir richesse et lĂ©gitimitĂ© de la possession de ses fonctions supĂ©rieures. LâĆuvre de Richelieu fut de donner consistance Ă un groupe ministĂ©riel et de le diriger Ă son profit et au profit de son roi, ce dont il montra dâĂȘtre fort capable. 30Cette leçon fut impartie Ă Marie de MĂ©dicis avec la duretĂ© que lâon connaĂźt lâĂ©chec et le bannissement Ă jamais de la monarchie et de son fils. Toutefois cette leçon dut ĂȘtre transmise de la mĂšre Ă la fille, car Christine, qui avait affermi sa rĂ©gence grĂące Ă la protection internationale de la France, livra une bataille acharnĂ©e contre Richelieu lorsquâil lui rĂ©clama la cession de plusieurs territoires pour la protĂ©ger » de lâinvasion des Espagnols. Le connaissant, la duchesse comprit que lâenjeu fondamental Ă©tait de se maintenir en disposant dâune autoritĂ© dĂ©lĂ©guĂ©e pleine, lĂ©gitime et surtout autonome. Au cours de la confĂ©rence de Grenoble 1639 qui devait dĂ©cider du sort de la guerre civile et de la survie du duchĂ©, elle coupa court aux menaces du ministre et sâadressa directement au roi, dont elle rĂ©clama le soutien au nom de la fidĂ©litĂ© et de lâalliance quâelle-mĂȘme lui avait toujours prouvĂ©e. Louis XIII y rĂ©pondit positivement. Les liens qui unissaient la dynastie, cette fois entre frĂšre et sĆur, portĂšrent leurs fruits. 31La duchesse avait saisi dâemblĂ©e que lâopposition, voire la rupture, Ă lâĂ©gard de lâautoritĂ© du roi aurait brisĂ© la hiĂ©rarchie dâordre qui lĂ©gitimait leur pouvoir. Son instinct de fille de France lui dicta quâune rĂ©gente, fut-elle reine et mĂšre, ne pouvait oublier ce lien indissoluble avec le droit royal. Haut de page Notes 1 Sur ces questions voir principalement AndrĂ© Corvisier, Les rĂ©gences en Europe, Paris, PUF, 2002 ; Fanny Cosandey, La reine de France, symbole et pouvoir, Paris, Gallimard, 2000 ; id., De lance en quenouille. La place de la reine dans lâĂtat moderne XIVe-XVIIIe siĂšcle », Annales HSS, 52-4, 1997, p. 799-820 ; id., De la loi salique Ă la rĂ©gence. Le parcours singulier du pouvoir des reines », in Franca Varallo, dir., In assenza del re. Le reggenti dal XIV al XVII secolo, Florence, Olschki, 2014, p. 183-197, ici p. 187-188 ; Cesarina Casanova, Regine per caso. Donne al governo in Ă©tĂ moderna, Rome-Bari, Laterza, 2014, p. 102-103, 158-159. Cf. Ă©galement Françoise Barry, Les droits de la reine sous la monarchie françoise jusquâen 1789, Paris, Donat-MontchrĂ©tien, 1932 ; Reines et princesses au Moyen Ăge, Montpellier, Les cahiers du CRISIMA, no 5, 2001, 2 vol. ; BartolomĂ© Bennassar, Le Lit, le Pouvoir et la Mort. Reines et princesses dâEurope de la Renaissance aux LumiĂšres, Paris, Ăd. de Fallois, 2006. 2 Cesarina Casanova, op. cit., p. 78-81. Elle utilise les travaux classiques de Berghenroth 1868, Hillebrand 1869, Heiss 1889 et Dennis 1956, ainsi que les rĂ©sultats de Bethany Aram, Juana the Mad. Sovereignity and Dinasty in Renaissance Europe, Baltimore, Johns Hopkins University, 2005. 3 Cesarina Casanova, op. cit., p. 56-58. 4 Fanny Cosandey, De la loi salique Ă la rĂ©gence », op. cit., p. 183. 5 Cesarina Casanova, op. cit., p. 57. 6 Cf. Ălie. Barnavi, Mythes et rĂ©alitĂ© historique le cas de la loi salique », Histoire, Economie et sociĂ©tĂ©, vol. 3, no 3, 1984, p. 323-337 ; Katherine Crawford, Perilous Performance. Gender and Regency in Early Modern France, Cambridge Mass., Harvard UP, 2004 ; Ralph E. Giesey, Le rĂŽle mĂ©connu de la loi salique. La succession royale XIVe-XVIe siĂšcle, Paris, Les Belles Lettres, 2007. 7 Cesarina Casanova, op. cit., p. 84. 8 Fanny Cosandey, Quelques rĂ©flexions sur les transmissions royales maternelles la succession de Catherine de MĂ©dicis », in G. Calvi, dir., Women Rulers in Europe. Agency, Practive and the Representation of Political Powers XII-XVIII, Institut Universitaire EuropĂ©en, Florence, HEC, 02, 2008, p. 62-71 ; Cesarina Casanova, op. cit., p. 82-83. 9 Fanny Cosandey, De la loi salique Ă la rĂ©gence », op. cit., p. 192-195 ; id., Puissance maternelle et pouvoir politique la rĂ©gence des reines mĂšres », Clio, Histoire, Femmes et sociĂ©tĂ©s, no 21, 2005, p. 69-90. Cf. aussi AurĂ©lie Du Crest, ModĂšle familial et pouvoir monarchique, Presses Universitaires dâAix-Marseille, 2002. 10 La typologie des rĂ©gences, dâabsence momentanĂ©e, permanente ou de cumul, dâincapacitĂ© et de minoritĂ©, a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e par AndrĂ© Corvisier, op. cit., p. 1-135. 11 Un cadre dâensemble assez articulĂ© est proposĂ© par Cesarina Casanova, op. cit., dans un chapitre Ă©loquent Regine cattive, regine buone », p. 56-81. 12 Cf. Jean-François Dubost, Marie de MĂ©dicis. La reine dĂ©voilĂ©e, Paris, Payot, 2009, p. 228-248, notamment p. 238-240. Livre fondamental tant pour sa capacitĂ© Ă renouveler lâhistoriographie sur le sujet. Voir aussi Stefano Tabacchi, Maria deâ Medici, Rome, Salerno Editrice, 2012, p. 99-108. Sur le rĂŽle de la musique sous les premiers Bourbons voir Georgie Durosoir, dir., PoĂ©sie, musique et sociĂ©tĂ©. Lâair de cour en France au XVIIe siĂšcle, Sprimont LiĂšge, Mardaga, 2006. Marie de MĂ©dicis promut Ă©galement le ballet de cour. Cf. Margaret McGowan, Lâart du ballet de cour en France 1581-1643, Paris, 1963 ; Marie-ThĂ©rĂšse Bouquet-Boyer, dir., Le ballet aux XVIe et XVIIe siĂšcles en France et Ă la cour de Savoie, GenĂšve, Slatkine, 1992 ; Sarah R. Cohen, Art, dance, and the body in French culture of the Ancient RĂ©gime, Cambridge, New York, 2000. 13 Voir Marie-ThĂ©rĂšse Bouquet-Boyer, Turin et les musiciens de la cour, 1619-1775. Vie quotidienne et production artistique, doctorat dâĂtat sous la dir. de Roland Mousnier, Paris-Sorbonne, 1987 ; id., Le ballet aux XVIe et XVIIe siĂšcles en France et Ă la cour de Savoie, op. cit. ; Michela Di Macco et Giovanni Romano, dir., Diana trionfatrice arte di corte nel Piemonte del Seicento, Turin, Allemandi, 1989. Christine de France a rĂ©cemment fait lâobjet dâun renouveau dâĂ©tudes cf. Giuliano Ferretti, dir., De Paris Ă Turin. Christine de France duchesse de Savoie, Paris, LâHarmattan, 2014 ; id., dir., Christine de France et son siĂšcle, numĂ©ro spĂ©cial revue Dix-septiĂšme siĂšcle, janvier 2014, no 262 ; id., dir., LâĂtat, la cour et la ville. Le duchĂ© de Savoie au temps de Christine de France, 1618-1663, Paris, Classiques Garnier, 2017. 14 Jean-François Dubost, op. cit., p. 246-247. 15 Ibidem, p. 633-634. 16 Costanza Ruggero, Lâarchitecture de la magnificence. Le modĂšle du Valentino », in Giuliano Ferretti, LâĂtat, la cour et la ville, op. cit., p. 475-511. 17 Jean-François Dubost, op. cit., p. 669. 18 Jean-François Dubost, op. cit., p. 295-542, 767-865 ; Stefano Tabacchi, op. cit., p. 109-246 ; 337-392 ; Giuliano Ferretti, Un temps de mutations. Le duchĂ© de Savoie face aux monarchies europĂ©ennes. Le rĂšgne de Victor-AmĂ©dĂ©e Ier et de Christine de France 1630-1663 », in id., dir., Les Ătats de Savoie, du duchĂ© Ă lâunitĂ© dâItalie 1416-1861, Paris, Classiques Garnier, 2019, p. 243-283. 19 Jean-François Dubost, op. cit., p. 112-114. 20 Ibidem, p. 133-134, 140-141 ; Stefano Tabacchi, op. cit., p. 68-74. 21 Ce topos persiste dans la plupart des biographies du roi. Voir par exemple Pierre Chevalier, Louis XIII, roi cornĂ©lien, Paris, Fayard, 1979, p. 39-44 et Jean-Christian Petit-fils, Louis XIII, Paris, Perrin, 2008, p. 147-149, 209-211. Tabacchi reste en partie dans ce schĂ©ma en affirmant que Marie montrait une non elevata capacitĂ di comunicazione affettiva » avec son fils Maria deâ Medici, op. cit., p. 73. 22 Ă ce sujet, voir lâexcellent ouvrage de Caroline Maillet-Rao, La pensĂ©e politique des dĂ©vots. Mathieu de Morgues et Michel de Marillac. Une opposition au ministĂ©riat du cardinal de Richelieu, Paris, H. Champion, 2015. Cf. Ă©galement, Giuliano Ferretti, Richelieu et les historiographes au XVIIe siĂšcle », in Chantal Grell, dir., Les Historiographes en Europe de la fin du Moyen Ăge Ă la RĂ©volution, Paris, PUPS, 2006, p. 325-343. 23 Jean-François Dubost, op. cit., p. 146-151. Voir aussi lâanalyse de Stefano Tabacchi, op. cit., p. 70-72. 24 Le roi afficha constamment sa volontĂ© de sĂ©parer les fonctions de mĂšre de celle de rĂ©gente et manifesta Ă Marie son respect, qui fut constant mĂȘme durant leurs guerres et leur Ă©loignement. Cf. Jean-François Dubost, op. cit., p. 538-541, 686-687 ; Jean-Christian Petit-fils, op. cit., p. 233, 240-241, 270-271. Pendant la crise de 1630, Richelieu fit preuve de grande habiletĂ© en essuyant les griefs de la reine mĂšre sans jamais se dĂ©partir du respect quâil lui devait en tant que personne royale. Cela fut apprĂ©ciĂ© par le roi Jean-François Dubost, op. cit., p. 777-779. Plus en gĂ©nĂ©ral, voir Ibidem, p. 767-783. 25 Cf. Jean-Christian Petit-fils, op. cit., p. 148-149, qui reconnaĂźt la modĂ©ration de Marie dans lâusage du fouet Ibidem, p. 49, sans pour autant dĂ©passer les prĂ©jugĂ©s Ă lâĂ©gard de celle-ci Ibidem, p. 138-139. 26 Giuliano Ferretti, Un temps de mutations », op. cit., p. 267-269 ; Paolo Cozzo, Le clergĂ© de cour entre service spirituel et fonction politique », in Giuliano Ferretti, LâĂtat, la cour et la ville, op. cit., p. 258-259, 266. 27 Anne dâAutriche 1601 et Christine de France 1606 Ă©taient presque de la mĂȘme gĂ©nĂ©ration. La proximitĂ© de leurs rĂŽles se voit dans leurs portraits qui ont parfois Ă©tĂ© confondus elles Ă©taient proches par leur symbolique de veuves et rĂ©gentes. Cf. Florine Vital-Durand, Les portraits de cour dans le rĂ©seau europĂ©en de Christine de France », in Ibidem, p. 303. 28 Gaudenzio Claretta, Storia del regno e dei tempi di Carlo Emanuele II duca di Savoia, GĂȘnes, Tip. Regio Istituto dei sordo-muti, vol. II, 1878, chap. I et III. 29 Jean-François Dubost, op. cit., p. 437-438 ; Jean-Christian Petit-fils, op. cit., p. 171-172 ; Ercole Ricotti, Storia della monarchia piemontese, vol. VI, Florence, G. BarbĂšra, 1869, p. 61-67. 30 Antony de Jasay, LâĂtat, Paris, Les Belles Lettres, 1994, chap. I-II. 31 Jean-Christian Petit-fils, op. cit., p. 209-210 ; Jean-François Dubost, op. cit., p. 539. 32 Ibidem, p. 504-520. 33 Ibidem, p. 521-541, 592-603, 604-617. Cf. aussi, HĂ©lĂšne Duccini, Concini. Grandeur et misĂšre du favori de Marie de MĂ©dicis, Paris, Albin Michel, 1991 ; Arlette Jouanna, Le devoir de rĂ©volte, Paris, Fayard, p. 212-244. 34 Jean-François Dubost, op. cit., p. 640-650, 744-804. 35 Cf. Ă ce sujet Christian Jouaud, Richelieu et lâĂ©criture du pouvoir. Autour de la JournĂ©e des Dupes, Paris, Gallimard, 2015. 36 Giuliano Ferretti, Un temps de mutations. Le duchĂ© de Savoie face aux monarchies europĂ©ennes », op. cit., p. 243-278. 37 Ercole Ricotti, Storia della monarchia piemontese, op. cit., p. 61-67. 38 Giuliano Ferretti, Un temps de mutations. Le duchĂ© de Savoie face aux monarchies europĂ©ennes », op. cit., p. 279-283. Sur ce groupe dirigeant fidĂšle Ă la duchesse voir Pierpaolo Merlin, Au service de la rĂ©gente. Ministres et conseillers entre sens de lâĂtat et luttes de factions », in Giuliano Ferretti, LâĂtat, la cour et la ville, op. cit., p. 167-192. 39 Cf. Elisabetta Lurgo, Philippe dâOrlĂ©ans, Paris, Perrin, 2018, p. 29-53, 97-101, ici p. 99. 40 Jean-François Dubost, op. cit., p. 620-625. 41 Ibidem, p. 621 ; Orest Ranum, Les crĂ©atures de Richelieu, Paris, PĂ©done, 1966, p. 179-203. 42 Jean-François Dubost, op. cit., p. 744-747. 43 Cf. supra, p. 6, note de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Giuliano Ferretti, RĂ©gences et pouvoir des femmes », Cahiers dâĂ©tudes romanes, 42 2021, 233-251. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Giuliano Ferretti, RĂ©gences et pouvoir des femmes », Cahiers dâĂ©tudes romanes [En ligne], 42 2021, mis en ligne le 20 septembre 2021, consultĂ© le 24 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Jai rejoint Jean-Marie le Pen Ă lâĂąge de 16 ans, adhĂ©rent depuis 1991, jâai militĂ© sans relĂąche au sein du Front National puis du Rassemblement National afin de faire triompher les idĂ©es de mon « camp » celui de la France française, fille aĂźnĂ©e de lâEglise, mĂšre des arts, des armes et des lois.| Χ ŃĐŸĐœáÎČĐ” áčĐ·ĐČĐŸÏĐžĐŒ | ĐÎčĐżĐŸÎ·Ï Đ·Ő§Ń Đ°Đ±Ńá”ĐșŃĐ”Ńáș | ášĐ»Îžá ááĐČŃŃĐż | Đ ÏĐŸáŁĐž ĐŸáÎčÎČ |
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Cet article date de plus de cinq ans. L'exposition "Guerre et Paix Femmes dans le XXIeme siĂšcle" d'aprĂšs des clichĂ©s du photographe britannique Nick Danziger est prĂ©sentĂ©e Ă Monaco dans la Salle des expositions du Palais princier du 7 au 30 septembre 2011. Article rĂ©digĂ© par PubliĂ© le 06/12/2016 0630 Temps de lecture 2 min. "Qu'il s'agisse de guerre civile, de pogroms ou d'autres conflits armĂ©s, le corps des femmes fait bien trop souvent partie du champs de bataille" constataient en 2008 Heleen Mees et Femke van Zeijl, dans une contribution au journal "Project Syndicate" intitulĂ©e "La guerre contre les femmes". Elles rappellent que si le viol n'est pas un phĂ©nomĂšne nouveau dans les conflits, son utilisation comme arme de guerre s'est affirmĂ©e au cours du XXĂšme siĂšcle, tout d'abord durant la seconde guerre mondiale, mais aussi lors de conflits rĂ©cents comme au Rwanda ou en ex-Yougoslavie, oĂč le viol a Ă©tĂ© utilisĂ© Ă grande Ă©chelle dans des buts de nettoyage ethnique, qu'il s'agisse de contaminer avec le VIH les femmes tutsies ou de violer les femmes musulmanes pour les empĂȘcher de trouver un mari. C'est un journaliste amĂ©ricain qui donne le premier l'alerte dans les annĂ©es 90 en affirmant que des serbes de Bosnie ont fait prisonniers des femmes qu'ils violent systĂ©matiquement et qui sont rĂ©duites Ă l'Ă©tat d'esclaves sexuelles dans des camps. En 1998, le Tribunal pĂ©nal international pour le Rwanda reconnait le premier que les violences sexuelles sur les femmes sont constitutifs de crimes contre l'humanitĂ©, et font partie des Ă©lĂ©ments du gĂ©nocide. Mais c'est l'affaire de FocĂ jugĂ©e devant le Tribunal pĂ©nal international pour l'ex-Yougoslavie en 2007 qui va rĂ©ellement faire Ă©voluer le droit international sur ce sujet. Dans ce village de Bosnie-HerzĂ©govine, Ă population moitiĂ© serbe moitiĂ© musulmane, s'est dĂ©roulĂ©e entre 1993 et 1995 l'une des pages les plus noires de l'histoire des conflits au 20Ăšme siĂšcle. Dans cette affaire, le Tribunal international considĂšre pour la premiĂšre fois que le viol constitue "une violation des lois ou coutumes de la guerre" autrement dit, il le classe comme un crime contre l'humanitĂ©, soit le crime le plus grave en matiĂšre de droit pĂ©nal international juste aprĂšs le gĂ©nocide. Ce jugement a Ă©tĂ© saluĂ© par les organisations de dĂ©fense des droits de l'homme comme un tournant historique. Depuis d'autres juridictions internationales, comme le tribunal pĂ©nal international pour la Sierra LĂ©one, ont continuĂ© de faire progresser cette notion juridique en l'Ă©tendant notamment aux mariages forcĂ©s pratiquĂ©s par les soldats de Charles Taylor durant ce conflit. A voir aussi sur Culturebox - Rencontres-photographiques-d'Arles-les-tresors-de-la-valise-mexicaine-de-Robert-Capa - Le-photoreporter-Patrick-Chauvel-pose-la-guerre-a-nos-portes - Mami-Wata-la-mĂšre-nourriciĂšre-des-photographesNick Danziger Prolongez votre lecture autour de ce sujet tout l'univers Photographie Abonnezvous Ă notre chaĂźne YouTube : notre page Facebook : http://bit.ly/2dG0auqSuivez-nous sur Twitter : http://bit.ly/2enD7ppSu Avec le dĂ©veloppement des relations internationales, apparaĂźt un nouveau besoin de compĂ©tence dĂ©velopper une bonne communication assistantes, sont particuliĂšrement concernĂ©es par cette nouvelle compĂ©tence, du fait de leur rĂŽle dâinterface du management. Bien sĂ»r, ils elles ne participent pas souvent aux voyages internationaux de leurs managers. Mais ils elles organisent ces voyages, sont en contact avec les interlocuteurs locaux de leurs managers, reçoivent les visiteurs Ă©trangers. Autant dâoccasions de dĂ©velopper et de mettre en pratique son savoir faire dans un environnement multiculturel.© ShutterstockLe choc des culturesLa rencontre avec des personnes dâune autre culture peut provoquer un vrai choc. Le comportement que nous adoptons ordinairement ne provoque pas chez elles les rĂ©ponses attendues et fait, nous nâutilisons pas les mĂȘmes rĂšgles du jeu quâelles. Il peut sâagir de rĂšgles formelles qui ont donnĂ© naissance Ă des lois. Il peut agir aussi de rĂšgles beaucoup plus informelles rĂ©gissant notamment, de maniĂšre inconsciente, la maniĂšre de communiquer avec lâ dans un environnement multiculturel doit nous amener Ă remettre en cause des points de vue ou des croyances qui nous paraissaient pourtant aussi Ă©vidents quâuniversels. Ainsi que lâa dit Blaise Pascal dans les pensĂ©es VĂ©ritĂ© en deçà des PyrĂ©nĂ©es, erreur au-delà ». Ce qui est vrai pour moi ne lâest pas nĂ©cessairement pour mon face aux obstaclesLes obstacles Ă la communication interculturelle sont nombreux. Il faut en avoir conscience pour les surmonter. En voici quelques est bien une tendance universellement partagĂ©e, câest lâethnocentrisme. Nous avons tous tendance Ă le pratiquer, c'est-Ă -dire Ă nous considĂ©rer comme le centre du monde. On peut ainsi penser Ă quelques repĂšres historiques La Chine ou lâempire du milieu,La Grande Bretagne et son empire sur lequel le soleil ne se couche jamais »,La France, mĂšre des arts, des armes et des lois,âŠLa ressemblanceChacun pense que les autres pensent comme lui. Imaginer lâexistence mĂȘme dâune pensĂ©e diffĂ©rente de la nĂŽtre demande un rĂ©el mauvaise interprĂ©tationLâinterprĂ©tation erronĂ©e des paroles et des comportements de lâinterlocuteur est une des causes profondes dâĂ©chec dans la communication. Inconsciemment, nous interprĂ©tons en permanence ce que nous entendons et tendance naturelle peut nous conduire Ă des incomprĂ©hensions avec des interlocuteurs de notre propre culture. La difficultĂ© est encore plus grande quand il sâagit de personnes dâune autre face Ă un comportement surprenant, tentons-nous de lui donner un sens en lui attribuant une cause. Par exemple il ne me regarde pas dans les yeux, il nâest pas franc». Or câest faux, le regard droit dans les yeux nâest signe de franchise que dans certaines cultures, les cultures occidentales, notamment. Dans dâautres cultures, asiatiques, africaines, il est au contraire, signe dâ stĂ©rĂ©otypesLes Français sont rĂąleurs, les Anglais sont snobs, les Allemands travailleurs et disciplinĂ©s, les Italiens futiles, etc. » ! On pourrait poursuivre cette liste longtemps. Les stĂ©rĂ©otypes sont nombreux, chaque peuple, chaque pays, voire chaque rĂ©gion a le sien. Ils procĂšdent le plus souvent de la gĂ©nĂ©ralisation et attribuent Ă tout un groupe humain une caractĂ©ristique qualitĂ© ou dĂ©faut relevĂ©e chez un de ses stĂ©rĂ©otypes sont des catĂ©gories de pensĂ©e bien commodes dans lesquelles nous enfermons les autres. Ils nous permettent de classer facilement les comportements que nous constatons. Ils relĂšvent dâune certaine paresse intellectuelle, car nous ne les remettons pas en stĂ©rĂ©otype est le contraire dâune vraie dĂ©marche de connaissance de lâautre. Il fait Ă©cran aux diffĂ©rences individuelles ou aux exceptions et nous empĂȘche de voir nos interlocuteurs tels quâils sont langueLa langue est bien Ă©videmment le plus important des obstacles, mĂȘme quand les deux protagonistes pensent parler la mĂȘme. Ne dit on pas que la Grande Bretagne et les Ătats-Unis sont deux pays sĂ©parĂ©s par une mĂȘme langue ?Le rĂšgne de François Ier 1515-1547 est considĂ©rĂ© comme un moment de rupture artistique et culturelle en France. Alors que le monde sâagrandit au fur et Ă mesure des dĂ©couvertes maritimes, tandis que la politique europĂ©enne sâorganise Ă une plus vaste Ă©chelle, des conceptions nouvelles apparaissent, aussi bien dans le domaine intellectuel que dans le domaine artistique. La pensĂ©e humaniste de la Renaissance, nĂ©e en Italie dans les annĂ©es 1350, se rĂ©pand progressivement au-delĂ des Alpes, Ă lâoccasion notamment des invasions de lâItalie par les rois de France Charles VIII, Louis XII puis François Ier. DĂ©filĂ© des funĂ©railles du roi Mausole © BibliothĂšque nationale de France Lâeffervescence intellectuelle et artistique italienne attire de nombreuses personnalitĂ©s et, Ă partir de la fin du 15e siĂšcle, influence profondĂ©ment lâEurope occidentale. Tous les princes dĂ©sirent sâassurer les services de grands artistes italiens, tandis que nombre dâartistes europĂ©ens se rendent en Italie pour y Ă©tudier les Ćuvres quâils ont dĂ©couvertes dĂšs les annĂ©es 1470 par la circulation des gravures ainsi Albrecht DĂŒrer est-il influencĂ© par Mantegna avant mĂȘme de se rendre en Italie, oĂč le Tintoret lui apprendra Ă dessiner, et Titien Ă utiliser la couleur⊠Jacques Androuet du Cerceau, Philibert de lâOrme vont sây former, et le voyage en Italie demeurera de mise aux siĂšcles suivants pour la majoritĂ© des artistes français, allemands, flamands, anglais ou espagnols. Le rayonnement des artistes italiens De tous les rois de France, câest François Ier qui tombe le plus profondĂ©ment amoureux de lâItalie et de son art. DĂ©jĂ , Charles VIII et Louis XII avaient ramenĂ©s des artistes dâItalie et introduit lâart nouveau dans lâornementation des chĂąteaux dâAmboise et de Blois. Le chĂąteau des archevĂȘques de Rouen, Ă©difiĂ© de 1502 Ă 1510 par Georges dâAmboise et dans lequel François Ier rĂ©sida en septembre 1517, est le premier grand Ă©difice influencĂ© par les rĂšgles de lâarchitecture italienne avec ses jardins en terrasses, son portique monumental et son portail Ă lâitalienne. François Ier sera le premier souverain Ă constituer une collection de statues et de tableaux dus aux maĂźtres italiens. Sâil ne put parvenir Ă persuader Michel-Ange de venir en France, il lui acheta une statue dâHercule. Il eut plus de succĂšs avec LĂ©onard de Vinci et Benvenuto Cellini LĂ©onard de Vinci vint en France avec lâassurance dâun don de 7 000 piĂšces dâor et la mise Ă disposition dâun palais de son choix dans la plus belle rĂ©gion de France » ; lâartiste vĂ©cut ses derniĂšres annĂ©es Ă Amboise, tout prĂšs des chĂąteaux que François Ier possĂ©dait Ă Blois et Ă Chambord, et le roi lui acheta le cĂ©lĂšbre portrait de la Joconde. Cellini reçut le mĂȘme salaire que LĂ©onard de Vinci. Jean Marot offrant son livre Ă Anne de Bretagne, reine de France © BibliothĂšque nationale de France Anne de Bretagne priant, entourĂ©e de sainte Anne, de sainte Marguerite et de sainte Ursule © BibliothĂšque nationale de France Charles IX © BibliothĂšque nationale de France Le roi soutient de nombreux artistes le miniaturiste Jean Bourdichon, Ă©lĂšve de Jean Fouquet, Jean Clouet, originaire de Bruxelles, qui devient peintre du roi en 1528. Outre LĂ©onard de Vinci, Andrea del Sarto et Girolamo Della Robbia, quâil fait venir en France et dont il acquiert de nombreuses Ćuvres, le roi fait Ă©galement venir dâautres artistes italiens, tels les Giusti, Ă qui il confie la rĂ©alisation du tombeau de Louis XII et dâAnne de Bretagne pour la basilique Saint-Denis, ou Dominique de Cortone, qui donne en 1533 les plans du nouvel hĂŽtel de ville de Paris. François Ier collectionne toutes sortes dâĆuvres dâart manuscrits anciens, miniatures, tableaux, sculptures, objets dâart, mĂ©dailles, tapisseries, pierres prĂ©cieuses, curiositĂ©s ». Dans la seconde partie du rĂšgne, Paris devient la vĂ©ritable capitale intellectuelle et artistique car le roi y fixe davantage la cour. Le dĂ©veloppement de lâhumanisme Lâhumanisme caractĂ©rise la Renaissance dans le domaine des idĂ©es mouvement intellectuel dâĂ©rudition et de curiositĂ© passionnĂ©e pour lâAntiquitĂ© classique â grecque et romaine â, il se manifeste par la recherche et lâĂ©tablissement des textes anciens, puis leur reproduction et leur Ă©tude. TrĂšs vite, au-delĂ de la beautĂ© littĂ©raire des Ćuvres, on y cherche des principes, des rĂšgles de vie valables pour tous les hommes. Lâimprimerie donnera au mouvement humaniste toute son ampleur. Lâhumanisme naĂźt en Italie, pays oĂč de nombreux princes mĂ©cĂšnes soutiennent des Ă©crivains et Ă©rudits comme PĂ©trarque, Boccace, Machiavel, lâArioste ou lâAretin. Câest aussi la patrie des imprimeurs Alde Manuce et des Ă©rudits Marcile Ficin, Ange Politien, Pic de la Mirandole qui accueillent les savants grecs rĂ©fugiĂ©s aprĂšs la chute de Byzance, tombĂ©e en 1453 aux mains des Turcs. Lâhumanisme se propage aux Pays-Bas â en 1511, Ărasme publie lâĂloge de la folie et, en 1516, une Ă©dition du Nouveau Testament â, en Allemagne â patrie de lâhumaniste Philipp Melanchthon, oĂč naĂźt la RĂ©forme protestante, Ă lâinstigation de Martin Luther, qui utilise le livre la Bible traduite en allemand pour lutter contre lâĂglise catholique â, et en France. Mais, dans ce dernier pays, tandis quâen Allemagne et en Angleterre lâhumanisme conduit Ă la RĂ©forme en matiĂšre de religion, lâhumanisme français, trĂšs Ă©rudit, reste essentiellement littĂ©raire. En effet, en France, la royautĂ© favorise le mouvement et fait progressivement sentir son influence sur la production littĂ©raire. Certains Ă©rudits comme Jacques LefĂšvre dâĂtaples essaient de concilier les idĂ©es chrĂ©tiennes avec la science grecque ; dâautres, tel Guillaume BudĂ©, se consacrent surtout Ă lâĂ©tude de la langue et des textes anciens. BudĂ© fut considĂ©rĂ© comme le premier hĂ©llĂ©niste dâEurope. Dâautres, enfin, tels Geoffroy Tory ou Ătienne Dolet, sâattachent en tant quâimprimeurs Ă dĂ©gager la puretĂ© de la langue française, tant du cĂŽtĂ© de la lisibilitĂ© des caractĂšres typographiques le Champfleury de Tory que de lâorthographe de la langue française, dont lâusage devient la norme pour certains types de textes face au latin. En 1539, par lâordonnance de Villers-CotterĂȘts, François Ier dĂ©crĂšte lâusage obligatoire du français pour certains textes Ă caractĂšre juridique. Norme typographique et mise en page © BibliothĂšque nationale de France Une traduction pour le roi © BibliothĂšque nationale de France Norme typographique et proportions du corps humain © BibliothĂšque nationale de France David pĂ©nitent © BibliothĂšque nationale de France François Ier, par curiositĂ© dâesprit, encourage ce mouvement, influencĂ© en cela par sa sĆur Marguerite de Navarre, protectrice de Rabelais et des humanistes, et elle-mĂȘme auteur de contes et de poĂšmes. Il prendra toutefois des distances aprĂšs lâaffaire des Placards, en 1534, lorsque des affichettes seront apposĂ©es Ă Paris et Ă Amboise, jusque sur la porte de la chambre royale, par le parti protestant. La bibliothĂšque de Fontainebleau est trĂšs riche mais François Ier souhaite partager le savoir il fait nommer un imprimeur royal, Robert Estienne, Ă qui succĂšdera son fils Henri. Il crĂ©e surtout, en 1530, le CollĂšge de France, sur la suggestion du savant humaniste Guillaume BudĂ©. Il sâagit de constituer, Ă cĂŽtĂ© de la Sorbonne â principalement orientĂ©e vers les Ă©tudes religieuses â, un collĂšge royal oĂč des lecteurs appointĂ©s Ă 200 Ă©cus par an poursuivraient librement leurs recherches. Les premiers lecteurs royaux se consacrent au grec, Ă lâhĂ©breu, aux mathĂ©matiques. Un peu plus tard vint le latin, et mĂȘme lâarabe. MalgrĂ© les attaques de la Sorbonne et dâincessantes difficultĂ©s dâargent, François Ier maintient sa fondation et songe mĂȘme Ă lâĂ©tendre Ă la fin de sa vie. Elle suscite lâenthousiasme de Rabelais Maintenant toutes disciplines sont restituĂ©es, les langues instaurĂ©es [âŠ]. Tout le monde est plein de gens savants, de prĂ©cepteurs trĂšs doctes, de librairies trĂšs amples » Pantagruel, chap. VIII, 1532. La renaissance de la pensĂ©e classique nâapparaĂźt que peu Ă peu, elle influencera la PlĂ©iade, dirigĂ©e par Pierre de Ronsard, mouvement dont le manifeste paraĂźt en 1549, rĂ©digĂ© par Joachim Du Bellay, sous le titre DĂ©fense et illustration de la langue française. Il sâagissait dâenrichir le français par des emprunts Ă lâAntiquitĂ©. Mais, sous François Ier, câest surtout chez Rabelais que lâinfluence de lâhumanisme est Ă©vidente mĂ©decin Ă Lyon, puis curĂ© de Meudon, il admire fort BudĂ© et Ărasme, et, de 1532 Ă sa mort, il publie le rĂ©cit des aventures du gĂ©ant Gargantua et de son fils Pantagruel. Suite de divertissantes fantaisies Ă©crites en une langue drue et riche, il y y glisse habilement une vive critique des abus de son temps, des procĂ©dĂ©s dâĂ©ducation, du clergĂ© monastique, de la justice. Mais pas plus quâĂrasme, Rabelais ne se laisse sĂ©duire par la RĂ©forme. Il est adepte dâune libertĂ© absolue, religieuse et intellectuelle, ce que rĂ©sume son hĂ©ros Et leur rĂšgle nâĂ©tait que cette clause âFais ce que voudrasâ » Gargantua, chap. LVII, 1534. Gargantua et son fils Pantagruel © BibliothĂšque nationale de France Le dĂ©veloppement des sciences Lâhumanisme se manifeste aussi, durant le rĂšgne de François Ier, par lâĂ©clat du mouvement scientifique, dominĂ© par la personnalitĂ© de LĂ©onard de Vinci. Artiste exceptionnel, il fut aussi un esprit encyclopĂ©dique dâune extraordinaire puissance. TrĂšs intĂ©ressĂ© par lâĂ©tude des savants de lâAntiquitĂ©, il y ajoute le fruit de ses expĂ©riences personnelles. Ses recherches dans le domaine de la mĂ©canique, de lâastronomie dĂ©passent de beaucoup son temps. Il soupçonne les lois de la gĂ©ologie, se prĂ©occupe dâanatomie, dâurbanisme, effectue des recherches sur la navigation aĂ©rienne, mais aucune de ses recherches nâaura de portĂ©e immĂ©diate. Il meurt en 1519 Ă Amboise, appelĂ© par le roi François Ier en France, oĂč il nâaura pas le temps de produire dâĆuvre. Copernic en astronomie, VĂ©sale en mĂ©decine et en chirurgie, Servet et Paracelse, parmi dâautres, tĂ©moignent de la vitalitĂ© et du renouveau de la science Ă la Renaissance. Des domaines comme lâarchitecture bĂ©nĂ©ficient de ces avancĂ©es scientifiques. Portrait de Philibert Delorme 1510 ? -1570 © BibliothĂšque nationale de France Croquis de bĂątiment en perspective BibliothĂšque nationale de France Portrait dâAndrĂ© VĂ©sale 1514-1564 BibliothĂšque nationale de France Portrait de Paracelse 1493-1541 © BibliothĂšque nationale de France Si lâart nouveau de la Renaissance naĂźt en Italie, les idĂ©es de la PĂ©ninsule progressent peu Ă peu en France, favorisĂ©es par les souverains le rĂŽle personnel de François Ier a Ă©tĂ© considĂ©rable dans la diffusion des idĂ©es nouvelles, mĂȘme si, dans un pays aux traditions artistiques riches et variĂ©es, sâĂ©lĂšveune certaine rĂ©sistance. Il en rĂ©sulte des formes dâexpression originales, qui combinent innovations italiennes et gĂ©nie national » français. video © BnF - Ăditions multimĂ©dias Le roi et les arts
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